Projets 133
Journée mondiale CVX - 2007 : 40 ans de Principes Généraux - Que sont devenus nos rêves ?

Il y a quarante ans, du 19 au 21 octobre 1967, l’Assemblée Générale de ce qui était alors la Fédération Mondiale de Communautés de Vie Chrétienne achevait de mettre à jour les nouveaux « Principes Généraux ». Ils remplaceraient désormais les « Règles Communes » qui dataient, dans leur ultime version, de l’année mille neuf cent dix.
Derrière ce changement logeait un rêve, une vision de l’Église.

Aujourd’hui, quarante ans après, prenons en prière deux éléments de ce rêve. (1)

1. « Mieux servir l’Église » et « nous consacrer avec une plus grande simplicité et efficacité au service de Dieu et des hommes dans le monde d’aujourd’hui ».

Jusqu’alors, ce qu’on entendait le plus communément par « servir l’Église » signifiait pour les laïcs, collaborer avec la hiérarchie, ou avec les communautés religieuses, dans leurs missions.
Notre rêve, qui était aussi celui de l’Église, signifiait beaucoup plus. Nous voulions une part active à la mission que partagent dans l’Église tous les baptisés : étendre la Bonne Nouvelle du Christ, faire avancer le Règne de Dieu. Servir l’Église c’était comprendre que non seulement nous faisons partie de l’Église, mais que nous sommes l’Église, en communion avec tous les chrétiens et chrétiennes, formant un Peuple de pèlerins uni dans la mission en dépit de la diversité de charismes et ministères. Notre service dans l’Église voulait inclure le dialogue dans toutes ses dimensions : depuis l’oecuménisme jusqu’au dialogue avec toutes les cultures et les sociétés du monde moderne, y compris le dialogue interreligieux. Notre service de l’Église nous amènerait à collaborer avec beaucoup de monde, la hiérarchie incluse. Nous nous organiserions pour prendre des initiatives apostoliques et avoir une meilleure formation en vue de la mission. Nous comprenions que notre ’service de l’Église’ était le service à la mission du Christ, dont la finalité ne serait pas l’Église elle-même. Cependant, c’est au sein de l’Église et à partir d’elle que nous étions appelés à vivre et développer ce rêve. Nous comprenions aussi que ce rêve nous poussait vers l’extérieur, à la manière de l’adulte qui se sépare de sa mère, ou comme l’union véritablement mûre et non possessive de deux époux.

Nous voulions boire aux diverses fontaines et répandre généreusement notre eau dans nos milieux quotidiens de travail, la famille, la société, l’économie, la politique, le monde académique... Il s’agissait de vivre « communion et mission », être disciple et apôtre, adulte dans la foi. Tel était notre rêve, et nous le réaliserions avec un élan plein de force dans une Église qui nous voulait libres pour servir, disponibles et
entreprenants.

En 1990, des modifications furent introduites à la version des Principes Généraux de 1967 en vue d’intégrer tout ce que nous avions appris depuis. Ces modifications ont consisté essentiellement à mettre en relief le caractère apostolique et à souligner le grand pas accompli en vue d’être une communauté mondiale au service d’un seul monde : être un corps en vue de la mission.

Il ne fait aucun doute que nous sommes encore en train de développer ce rêve, avec des avancées et des reculs. Nous sommes souvent tentés de revenir à de vieilles sécurités, de se laisser dire par d’autres ce que nous devons faire, où le faire et comment le faire. À d’autres moments, cependant, nous sommes audacieux et même irresponsables, nous nous leurrons nous-mêmes et nous n’acceptons pas les aides qui nous sont offertes. La revalorisation du laïc dans sa forme la plus pure n’est pas un
processus d’auto-affirmation ou de revendication, mais bien plus un processus de maturation qui inclut et la hiérarchie et les religieux /religieuses.

Quel est aujourd’hui notre service à l’Église, à Dieu et aux femmes et hommes de notre temps ? Comment nos Principes Généraux nous aident-ils ? Quelle est notre relation avec d’autres dans l’Église et au-delà de cette même Église ?

2- Renouveler notre association selon l’esprit et les normes du Concile Vatican II’.

Dans le récit historique de Louis Paulussen on lit (2) : « Peu à peu s’éclairèrent les traits saillants de nos Principes Généraux qui furent pratiquement prêts pour être présentés à l’Assemblée Générale de Bombay en décembre 1964. Mais il fut évident que nous devions attendre jusqu’à la fin du Concile du Vatican II avant de pouvoir
présenter les nouveaux Principes sous leur forme définitive ».

Le rêve de la CVX, sans doute temps de grâce pour l’Église, se greffait sur la rénovation conciliaire. Cette rénovation portait la vision d’une Église plus libre et missionnaire, plus humble et servante de tous et toutes, plus proche des pauvres, plus simple dans ses pratiques et coutumes. Dans cette vision, l’Église se veut plus respectueuse de tous ceux et celles qui ne sont pas dans son sein et reconnaît la part
de vérité dont ils sont porteurs. L’Église se veut également plus libre des pouvoirs politiques et économiques et de tous les enchevêtrements des influences et groupes.

De cette vision jaillissaient des thèmes importants :

  • la réforme de la liturgie,
  • l’ouverture au dialogue avec le monde moderne,
  • le renouvellement de la théologie,
  • la collégialité épiscopale,
  • l’oecuménisme,
  • la récupération des origines et de la tradition bien au-delà des derniers siècles.
    La rénovation des études bibliques et le retour à la Parole de Dieu, dans le cadre des communautés de foi et de partage occupent également une place de choix dans cette vision. Ces communautés permettent une intégration de la foi et de la vie pratique, à la lumière des Saintes Écritures, ce qui redynamise leur dimension apostolique.

Rédigés à la suite de « délibérations continues durant de nombreuses années » (3), les Principes Généraux étaient l’expression d’une communauté de fidèles laïcs marquée par les riches années préconciliaires et du Concile lui-même. Ce qui nous fait dire que
le rêve de la CVX était de donner vie au Concile, de l’incarner dans la vie quotidienne.

La rédaction des Principes Généraux fut facile et claire. Elle essaya d’inclure tous ces riches thèmes que l’Esprit Saint inspirait à l’Église. Le Préambule en est le centre, l’âme de tout l’ensemble. Tout le reste n’est que cercles concentriques autour de ce dernier.

Un aspect important, dans tout ce renouveau, très présent dans les Principes Généraux, était la revalorisation du laïc non seulement dans son égalité vis à vis de la mission, mais aussi à partir des sources originales, qui jusqu’alors étaient restées réservées aux religieux et clercs, même si ces derniers s’en étaient distancés peu à peu.

Dans le rêve très présent dans les Principes Généraux, le regard apostolique vient du fait d’être avec Jésus, de l’accompagner durant sa vie apostolique, de le connaître intimement. Pour ce faire il fallait impérativement revenir à la source première : les Exercices Spirituels de saint Ignace de Loyola. La CVX se voyait dans son rêve comme
la communauté de vie et de foi qui jaillit des Exercices Spirituels, et comme vocation spéciale dans l’Église pour ceux et celles qui suivent cette voie.

Mais les choses ne sont pas aussi claires et diaphanes. Le processus du Concile prit beaucoup d’années. Et d’une certaine manière, nous sommes encore en train de le vivre, avec des reculs et des avancées, des frustrations et des joies. Depuis la première annonce de1959 jusqu’à la promulgation du Nouveau Code du Droit Canon en 1983, nous pouvons parler de vingt quatre ans de processus conciliaire en ce qui a trait à la promulgation d’orientations et de textes fondamentaux. De manière analogue aussi, le processus de la CVX a duré bien des années. Depuis 1964, date des premières esquisses, jusqu’à 1990 – année de la dernière approbation pontificale dans l’esprit du Droit Canon - , nous pouvons parler de vingt six années de processus de formulation
de l’identité de la CVX rénovée
.

Dans tous ces processus nous connaissons les difficultés et parfois nous perdons courage, nous disons qu’il nous faut un nouveau Concile...sans avoir eu le courage de marcher vaillamment sur cette route. Au contraire, nous nous demandons très peu souvent pourquoi nous n’avons pas pris au sérieux ce que ces processus impliquaient, pourquoi nous tendons à faire machine arrière ou même à abandonner, pourquoi nous ne donnons pas suite à des décisions prises sous l’impulsion de l’Esprit. Parfois c’est la peur qui nous paralyse, ce sont les personnalismes qui nous divisent, c’est l’idéalisation du passé qui nous aveugle. Parfois nous arrivons à croire, comme ceux que nous avons vécu, qu’ on ne trouvera pas de nouveaux conciles ou de nouveaux processus, fruit de notre péché ou de toute tentation propre à tout chemin sérieux.

José Reyes
_Vice-Président

Quelques Suggestions pour la Journée de Prière pour la CVX Mondiale

Avant la journée : En tant qu’individus (un temps personnel) et en tant que communauté :

a) Relisons plusieurs fois le préambule de nos Principes Généraux, et
selon le temps dont on dispose, on lira aussi les cercles concentriques successifs qui s’y référent. Ceux et celles qui ont participé à l’Assemblée de Guadalajara en 1990 se souviendront des ’Groupes de Lecture Communautaire’ dans lesquels on lisait lentement chaque paragraphe et on cherchait des liens avec notre expérience de base : motions, difficultés, projets...

b) Prions pour pouvoir distinguer les divers mouvements que nous
expérimentons alors que nous vivons dans notre communauté soit locale, de ville ou régionale : ceux qui viennent du mauvais esprit et ceux qui pourraient être préoccupations justes et légitimes pour notre Église et notre CVX. Le texte du PROJETS peut aider.

Le jour même :

c) Préparons le local : des cartons aux murs avec des citations brèves et
bien choisies des Principes Généraux et du Concile du Vatican II.

d) Quelques membres de la CVX qui aient pris part au processus dans
les années 1967 ou 1970 pourraient partager leurs témoignages.

e) Durant l’Eucharistie : Demandons la grâce de l’enthousiasme et de
l’accompagnement de l’Esprit. Demandons pardon pour nos infidélités en tant qu’Église, en tant que CVX, en tant que membres de l’Église et de la CVX. Offrons le chemin parcouru, les apostolats, les Principes Généraux et notre désir d’être plus vraies et vrais.

En conclusion :

f) Continuons le processus dans nos communautés, selon les possibilités
et opportunités. Quels défis se présentent à nous dans notre actualité ?

g) Puissions-nous écrire de brèves réflexions pour les partager avec
d’autres, selon divers moyens, en pensant même à envoyer des textes pour la revue PROGRESSIO.


  1. Ces deux points ont été choisis à partir de la ’Lettre de Confirmation’, du Secrétariat de l’État du Saint Siège, N. 106352, du 25 mars 1968. L’emploi des guillemets indique que les citations sont des références textuelles.
  2. Paulussen s.j., Louis : Dieu Travaille Ainsi : Origines de la Communauté de Vie Chrétienne. Supplément de PROGRESSIO No 14, juin 1979, pg. 46.
  3. Secrétairerie d’Etat No 106352 : Lettre de confirmation, 25 mars 1968.

La prochaine assemblée mondiale se tiendra
du 12 au 21 août 2008 à Fatima, au Portugal.

L’arrivée des délégués est prévue le 11 et le départ le 22 août 2008.
Nous vous ferons parvenir plus détails à mesure que la préparation progresse.

décembre 2006

José REYES
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