Projets 125
Rester fidèle dans un monde qui change - les réunions des petites communautés -

L’Assemblée de la CVX à Nairobi nous a amené à un idéal plein d’attrait. Nous voulons devenir un corps apostolique, en partant de ce que nous sommes aujourd’hui. Humblement conscients de nos déficiences, mais reconnaissant aussi, pleins de gratitude ce que nous possédons déjà comme fruit de notre cheminement.

Dans la même perspective de rassembler ce que nous avons, Nairobi a proposé que « nous utilisions les instruments que nous avons à la CVX tels que ’le Charisme CVX’ ». [1] Comme nous le savons, c’est un document [2] qui a comme fin de décrire la vocation CVX, le processus qui est à son origine et qui continue à la nourrir depuis les premiers instants de l’appel jusqu’à un engagement permanent. L’Assemblée de Nairobi veut regarder cette vocation et son processus à partir d’un point de vue particulier : l’appel que nous ressentons à être davantage un corps apostolique, une communauté capable d’aller dans le monde, envoyée en mission [3] atteignant des horizons lointains.
« Le Charisme CVX » est une proposition, qui, à partir de l’expérience, donne corps à des processus personnels et de groupe, et unifie continuellement les dimensions de vocation, mission et communauté qui sont les caractéristiques de notre engagement CVX. Au sein de la tradition Ignatienne, ce Charisme jaillit des Exercices Spirituels, et tend à centrer l’attention sur la mission. Avançant dans le processus qu’il veut décrire, il en arrive à la conclusion que la CVX est « non seulement d’une communauté d’apôtres, c’est-à-dire de personnes plus ou moins engagées dans leur mission individuelle, mais d’une communauté apostolique dont les membres, bien que remplissant des tâches différentes, partagent leur vie et la manière de vivre leur mission. Ils discernent aussi ensemble l’objet et le contenu de la mission d’un chacun. Ils sont envoyés par la communauté qui les aide à prendre conscience et à évaluer la manière dont ils suivent Jésus-Christ, l’Envoyé du Père ». [4] Une fois de plus Nairobi souligne ces idées, cherchant à se placer à un niveau très fondamental et pratique - celui des groupes locaux - et emploie quatre termes qui caractériseront notre cheminement dans la CVX. De fait, le document final affirme que « les rencontres des communautés locales doivent permettre à chacun en Communauté de discerner, d’être envoyé, d’être soutenu et d’évaluer sa mission ». [5] Comme vous pouvez le voir les mots sont presque les mêmes, même si le mot « partager » a été changé pour celui de « soutenir » comme si on voulait souligner que ce n’est pas un sujet de conversation libre, spontanée et intime dont il s’agit, mais bien d’un dialogue qui donne force aux participants, les stimule et les soutient dans leur mission.

À la lumière du document de Nairobi, réfléchissons sur un seul aspect, celui de recibler les rencontres des petites communautés.

Dans notre vie de foi de chaque jour nous voulons rester fidèles au Seigneur qui nous a appelés hier et continue à nous appeler aujourd’hui. Chacun de nous, et notre groupe aussi, a sa propre histoire, qui a passé par différentes étapes de croissance. Nos circonstances particulières sont en train de changer à mesure que les années passent et que nous parcourons diverses saisons de notre vie. Nous reconnaissons les différentes étapes de croissance par lesquels notre groupe de CVX avance et grandit, de même que la grande diversité qui existe entre les communautés. En devenant de plus en plus conscients de notre histoire nous devenons aussi de plus en plus conscients de notre désir de rester fidèle à notre option pour Jésus-Christ - notre plus profonde identité - dans un monde qui continuellement change et qui nous interpelle.
L’Assemblé de Nairobi nous a « confirmés dans notre appel à devenir un Corps Apostolique de laïcs » partageant la responsabilité pour la mission dans l’Eglise. [6] Nous voulons répondre à cet appel qui semble nous demander constance parmi les changements que le monde demande de l’Église et de la CVX. Nous reconnaissons, dans cette tension, la façon de vivre qui nous caractérise. Et c’est pourquoi nous reconnaissons aussi le besoin de marcher ensemble, nous aidant les uns les autres dans nos faiblesses et profitant en même temps des forces de chacun. Nous reconnaissons, dans ce faire, une dépendance totale à l’égard de Dieu et notre besoin de conversion continuelle au Seigneur, tant au niveau personnel que communautaire.

L’Assemblée de Nairobi suggère que ce cheminement dans la fidélité doive être lui aussi compris et interpellé dans les réunions des petites communautés. C’est dans cette optique qu’une de ses recommandations nous dit que « les rencontres des communautés locales doivent permettre à chacun en Communauté de discerner, d’être envoyé, d’être soutenu et d’évaluer sa mission, ce qui fera grandir la responsabilité partagée, clé de voûte de la Communauté Apostolique. » [7] C’est donc à nous de revoir si la méthodologie de nos réunions nous aide a mieux partager la responsabilité dans la mission.

Il est évident que nous devons être fidèles aux grâces reçues dans le passé (constance, faire mémoire, défendre les fondements familiers). Mais nous devons aussi, dans nos réunions, être accueillants aux nouveaux appels du Seigneur, demandant la grâce de les reconnaître dans les diverses façons dont nous les entendons aujourd’hui (changement, ouverture, vulnérabilité).

Dans nos rencontres régulières nous voulons partager les mouvements spirituels quotidiens concernant les besoins que nous percevons autour de nous et comment nous y avons réagi. Nous sommes assurés que par ces motions l’Esprit du Seigneur soutien notre fidélité (constance) de sorte quelle continue à être enracinée dans les Exercices Spirituels et fidèle au style de vie de la CVX. Le même Esprit ouvre aussi nos cœurs pour reconnaître et répondre au Seigneur dans chaque nouvelle circonstance (changement),

Quelle sera la meilleure façon de nous rencontrer ?

  1. Chaque membre rapporte synthétiquement les divers mouvements de l’Esprit perçu depuis la dernière rencontre. Ces mouvements concernent spécialement des besoins ou des opportunités dont nous avons pris conscience - ce qui est arrivé dans notre vie familiale, dans notre lieu de travail, notre profession, avec des amis, dans l’église, dans le pays... - et ce que l’Esprit nous en a fait sentir comme plus important. Nous pourrons aussi faire part de ce que nous avons ressenti dans les divers travaux apostoliques dans lesquels un ou plusieurs membres du groupe sont déjà engagés. Une écoute attentive permettra à chaque membre de voir comment le Seigneur se lie à nous.
  2. Un temps de réflexion silencieuse devant le Seigneur permettra à chaque membre de repenser à tous les besoins et les opportunités qui ont été évoqués. Parmi ceux-ci, lesquels résonnent en moi ? Quelles sont ceux qui m’attirent ou m’interpellent ? Quelle réponse donnerait un sens plus profond à ma vie, à la vie des autres et à celle de la communauté ?
  3. Avant toute discussion, nous partageons le fruit de cette réflexion priante. Qu’est ce que je ressens en moi en tant que réponse à ces besoins et opportunités exprimées ? Nous croyons que le Seigneur appelle chacun de nous et que son Esprit est à l’œuvre dans la communauté. Cet Esprit nous guidera pour faire ce qu’Il veut que nous fassions.
  4. La discussion qui suivra nous aidera à clarifier d’abord, ce que nous avons entendu, et, par la suite, ce que nous en allons faire. Cette façon de faire nous amène éventuellement à des conclusions personnelles ou communes. De prime abord rien n’est exclu de ces conclusions si les réunions veulent vraiment discerner quelles réponses le Seigneur veut que nous apportions à un besoin. La plupart du temps une seule réunion ne suffira pas pour arriver à une conclusion claire. Mais si le besoin et les réponses possibles ont du sens, il est normal qu’elles continuent à se manifester au fil du temps L’examen de chaque jour me permettra de discerner les divers mouvements de l’esprit durant ces jours ou ces semaines. Le partager en communauté finira par nous amener à une conclusion. Il faudra alors prendre une décision personnelle ou de groupe, par rapport à ce qui doit être fait, ou pour mieux connaître et réfléchir plus profondément à propos du besoin ou de l’opportunité qui a surgi.

Dans notre monde qui vit des CHANGEMENTS constants nous nous demandons souvent comment pouvoir GARDER une relation pleine de vie avec le Christ et son Église. Le genre de rencontre que nous suggérons — enracinée dans les Exercices Spirituels — est un processus qui exige un engagement personnel à faire une révision de vie journalière ( un examen de conscience ), une participation régulière dans la petite communauté et une formation continue appropriée. Une meilleure réponse aux besoins en continuel CHANGEMENT que nous rencontrons exige une attitude de discernement PERMANENTE qui découle du cœur même de la spiritualité Ignatienne. [8]

Les rencontres en petite communauté nous aident à vivre cette attitude de discernement ; elle nous assure aussi le support réciproque, les uns envers les autres, dans notre vie en mission. Dans le processus de comprendre ce que le Seigneur veut que nous fassions, la communauté peut prendre une part très active pour rendre cette mission explicite et concrète. Elle veille aussi à partager la responsabilité dans cette mission et la supporte dans son accomplissement.

Nous suggérons enfin quatre petits points pour évaluer et revoir la vie concrète de notre communauté, et le cas échéant, pour l’aider à se réorienter. Ils peuvent être considérés, tout d’abord, sous l’angle de l’action apostolique de chaque membre pris individuellement, puis ensuite sous l’angle de l’option apostolique de toute la communauté en tant que telle.

  1. Quand et comment avons-nous pratiqué le discernement apostolique dans notre groupe ? Quand dans la plus large communauté ? ( Sous forme bien structurée, assez structurée, moins bien structurée, mais dans le sens d’un discernement apostolique.)
  2. Comment avons-nous mis en pratique l’envoi en mission ou la confirmation de la mission dans notre groupe ? Comment dans la plus large communauté ? ( Regarder aussi les méthodes employées par d’autres groupes et communautés et comment elles pourraient être améliorées.)
  3. Quand et comment avons-nous mis en pratique l’appui, le support ou la motivation permanente du groupe ( de et dans la plus large communauté ?) en relation avec notre travail apostolique ?
  4. Comment le groupe ( et ou la plus large communauté) nous a-t-il aidé à trouver, mettre en valeur et développer notre action apostolique ?

Reconnaissons ensemble, avec gratitude, la présence ressentie de notre Seigneur au milieu de nous.

Fernando Salas sj, Vice-Assistant Ecclésiastique
José Reyes S., Vice Président
octobre 2003

[1Recommandations de l’Assemblée Mondiale de Nairobi à la CVX : Formation, Nº 3

[2PROGRESSIO, Supplément Nº.56, décembre 2001 : Le Charisme CVX (Révisé).

[3Cfr. Recommandations, op. cit., Préambule Nº 3 ; voir aussi : en Formation, Nº 5.

[4PROGRESSIO, op.cit., Nº 132.

[5Recommandations, op. cit., Notre Dimension Nationale, Nº 2. Original anglais : « The local group meetings may need to be refocused to better live out the call to be members of an apostolic body who practice personal and communal discerning, sending, supporting and evaluating ».

[6Recommandations, op. cit., Préambule Nº 1. Original anglais : « confirmed in our call to become a lay apostolic body that shares responsibility for mission in the Church. »

[7Recommandations, op. cit., Notre Dimension Nationale, Nº 2. Original anglais : « The local group meetings may need to be refocused to better live out the call to be members of an apostolic body who practice personal and communal discerning, sending, supporting and evaluating. »

[8PROGRESSIO, op. cit., Nº 118 - 121.

octobre 2003