« Notre spiritualité étant centrée sur le Christ, nous voyons le rôle de la Vierge Marie en relation avec lui : elle est le modèle de notre collaboration à la mission du Christ. La coopération de Marie avec Dieu commença par son « oui » dans le mystère de l’Annonciation-Incarnation. Son service efficace, comme lors de la visite à Élisabeth, et sa solidarité avec les pauvres, comme dans le Magnificat, font d’elle une inspiration pour notre action en faveur de la justice dans le monde d’aujourd’hui. Cette coopération continuelle, pendant toute sa vie, à la mission de son Fils nous inspire de nous donner totalement à Dieu en union avec Marie, qui, en acceptant les desseins de Dieu, devint notre mère et la mère de tous les hommes. Ainsi nous confirmons notre mission de service du monde, reçue au baptême et à la confirmation. Nous honorons Marie, la Mère de Dieu, d’une manière spéciale et nous nous confions à son intercession pour réaliser notre vocation. »
Principes généraux de la Communauté de Vie Chrétienne, n° 9.
La veille de Notre-Dame de mars de 1522, le Pèlerin s’en fut, à la nuit tombée, le plus discrètement possible, trouver un pauvre. Se dépouillant de tous ses vêtements, il les lui donna et revêtit l’habit de ses désirs. Il alla s’agenouiller devant l’autel de Notre-Dame, et, son bourdon à la main [1], passa toute la nuit, tantôt à genoux, tantôt debout, et partit au point du jour pour ne pas être reconnu.
Il ne prit pas le chemin qui va droit à Barcelone où il aurait rencontré beaucoup de gens qui l’auraient reconnu et lui auraient fait honneur, mais il obliqua vers un bourg appelé Manrèse, où il voulait passer quelques jours dans un hôpital. Il voulait aussi noter certaines choses dans son livre qu’il gardait avec grand soin et emportait avec beaucoup de consolation. [2]
Il était déjà à une lieue de Montserrat, quand il fut rejoint par un homme qui courait après lui et lui demanda s’il avait bien donné ses vêtements à un certain pauvre, comme celui-ci le prétendait. Il répondit que oui et ses yeux se remplirent de larmes, par compassion pour le malheureux auquel il avait donné ses habits, car il devina qu’on lui avait causé des ennuis, le prenant pour un voleur.
Récit du Pèlerin, n° 18.
On voit que le Pèlerin saisit les conséquences de la fête de l’Annonciation : le Fils se fait homme grâce à la collaboration de Marie au projet de vie du Père pour l’humanité. Ignace veut être en tout semblable au Christ « qui de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu. Mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes... » [3] Lui aussi, à son tour, veut se dépouiller.
Car même si son esprit de discernement doit encore faire des progrès, Ignace découvre dans un pauvre la personne du Christ. Il lui donne tout ce qu’il a, même ses propres vêtements, comme l’avait fait avant lui saint François, et il revêt son habit à lui, fait de toile de sac.
Au moment de la béatification de saint Ignace [4], le frère portier de l’Abbaye de Montserrat déclara : « Ce pèlerin était fou d’amour pour le Christ. »
Une question pour ta vie
Quelle phrase du Christ ou quel exemple dans l’évangile te touche le plus, sur cette question de la pauvreté et du dépouillement de soi ?
Image : détail d’une mosaïque du P. Marko Ivan RUPNIK, sj
[1] Dans ce contexte, le terme « bourdon » désigne un long bâton de marche, ferré à sa base et surmonté d’une gourde ou d’un ornement en forme de pomme. Les pèlerins s’en servaient comme soutien et comme arme blanche lorsqu’il s’agissait de pouvoir se défendre.
[2] De ces notes naquirent progressivement les Exercices Spirituels.
[3] Cfr l’Épître aux Philippiens chap. 2, v. 5-11.
[4] Ignace de Loyola fut déclaré bienheureux le dimanche de Pâques 1609 (19 avril).